Catégorie : édito

  • On a déjà vu ce film

    On a déjà vu ce film

    2025 a des airs de mauvais remake. L’esthétique Y2K (des années 2000) est partout. Une dissolution de l’Assemblée nationale par le Président, un Rassemblement national sans Marine Le Pen, le retour de Dominique de Villepin, l’argument de la guerre préventive et de la démocratisation pour bombarder au Moyen-Orient… même François Bayrou est toujours dans les parages.

    Les forces politiques traditionnelles, excitées par l’approche des échéances électorales, croient encore qu’un changement d’image de marque suffit à gagner des élections. Dominique de Villepin essaye de faire oublier qu’il est de droite avec un nom de parti pompé à Mélenchon et en réchauffant ses positions sur la diplomatie française au Moyen-Orient (actu page 2). Mais comme Benny dans la série Overcompensating (pop !), il risque de lui être difficile de maintenir cette façade très longtemps. 

    Sur le volet économique, la réforme des retraites reste un sujet central après l’échec du « conclave », qui risque d’enterrer le gouvernement Bayrou avec lui (actu page 1). Sa solution reste toujours plus d’austérité, avec chaque semaine des milliards de coupes annoncées, alors que l’imposition des plus riches est écartée et que se maintiennent les taxes injustes, à l’instar de la TVA (comprendre). Pour celles et ceux qui le peuvent, l’été est aussi la période des congés payés (au cas où) et la crise du logement exacerbée par les plateformes comme Airbnb (ailleurs).

    Qu’on le remonte ou qu’on cherche à en gagner, le temps est une ressource précieuse. C’est ce que cherche le Parti socialiste pour apaiser ses tensions internes et reporter la question de l’alliance à gauche. C’est ce qu’il faut au Rassemblement national pour éviter de devoir faire chuter le gouvernement avant le jugement en appel de Marine Le Pen. C’est ce que veut rattraper Dominique de Villepin en proposant la réforme de la retraite à points empêchée par la pandémie de Covid-19. C’est ce qui se fait long pour les peuples du Moyen-Orient, depuis des décennies prises en étau entre les dictatures et les bombes américaines (dossier).

  • Et tant qu’on se bat

    Et tant qu’on se bat

    Le génocide en Palestine incarne une bascule brutale du monde dans la cruauté politique – qui perdure parce qu’elle est rentable. Le salon du Bourget accueille cette semaine des entreprises dont les drones sont utilisés à Gaza (actu page 2). Mais comme les dockers qui refusent de charger des armes, nous pouvons faire obstacle, par la grève, le sabotage, la dénonciation. L’évolution récente du discours médiatique en France sur le génocide et la dénonciation publique des crimes de l’État israélien sont une victoire de la pression populaire, de la convergence des luttes et de la mobilisation internationale.

    Plus de vingt ans de mouvements révolutionnaires, de mobilisations féministes massives, d’avancées des droits LGBTI – malgré des reculs et la répression – ont transformé les sociétés plus profondément qu’il n’y paraît. En France, l’exécutif gouverne plus faible que jamais, alors que la gauche a remporté une victoire électorale massive en juin 2024.

    Bien sûr, l’heure est grave. Aux États-Unis, Trump démantèle l’État de droit et intensifie la répression contre les femmes, les personnes étrangères, les personnes trans. En plein mois des fiertés, les amateurs de pinkwashing d’hier rangent leurs drapeaux arc-en-ciel. Et en France aussi, les droits LGBTI, quand ils ne servent pas le nationalisme, restent attaqués jusqu’au sommet de l’État (actu page 1). La violence institutionnelle est aussi flagrante dans les affaires de viols, comme l’ont illustré les procès Le Scouarnec et Pélicot (dossier).

    La répression passe aussi par les coupes financières. Dans comprendre, on revient sur leurs conséquences concrètes pour les droits humains et la santé, avec l’exemple de la polio. À l’inverse, les financements d’organisations réactionnaires du Nord vers le Sud augmentent (ailleurs).

    Vous lisez le premier numéro de Parti des femmes. Cet objet est l’une de nos contributions, en tant que femmes, à la riposte contre le fascisme. Si vous vous retrouvez dans nos mots, faites circuler ce numéro, distribuez-le, affichez-le, abonnez-vous au journal et à nos réseaux sociaux. Et n’oubliez pas : la seule lutte perdue d’avance, c’est celle qu’on ne mène pas jusqu’au bout.