Mois des fiertés, nous des fiertés

, Numéro 1

La décennie 2010 a été synonyme de droits et de nouvelles réalités sociales pour les personnes LGBTI dans de nombreux pays. Mais en Hongrie, aux États-Unis, en Russie, au Ghana, en Ouganda : les droits des personnes LGBTI sont aujourd’hui attaqués de partout et reculent, souvent avec l’appui des conservateurs (voir notre article ailleurs page 2). En France, les personnes homosexuelles subissent des discriminations, dans l’emploi, dans la santé. Les personnes trans doivent toujours passer au tribunal pour avoir des papiers correspondant à leur identité, et subissent des violences médicales tout au long de leur vie. Le droit d’asile pour les personnes LGBTI persécutées dans leur pays d’origine est chaque année plus restreint.

L’affiche de la principale marche des fiertés d’Île-de-France montre cette année, entre autres, une femme portant le voile, une autre avec un drapeau hongrois et un pin’s aux couleurs du drapeau de la Palestine, et une pancarte appelant à lutter contre « l’internationale réactionnaire ». L’affiche a été attaquée par l’extrême droite dès sa publication. Signe des temps, Valérie Pécresse comme Aurore Bergé se sont jointes à l’offensive, et ont toutes deux annoncé supprimer les subventions publiques accordées chaque année à la marche. Une certaine forme de pinkwashing, de communication institutionnelle apparemment en faveur des droits LGBTI, faisait pourtant partie depuis quelques années du discours de leurs courants politiques respectifs, bien que jamais accompagnée de mesures concrètes. Il semblerait que ce ne soit plus le cas.

« La première pride était une émeute » peut-on aussi lire souvent sur les pancartes, en référence aux émeutes de 1969 à New York. Les prides et marches des fiertés d’aujourd’hui sont généralement des manifestations pacifiques et planifiées, bien que souvent tenues dans des contextes répressifs. Ce slogan peut sembler creux, mais il est un point de départ pour tirer le fil de nos solidarités. Les partisans d’identités LGBTI dépolitisées ne voient la question des violences LGBTI-phobes que comme un problème policier et sécuritaire. C’est pourtant très souvent l’État lui-même qui empêche l’accès aux droits et à une vie digne. La marginalisation des personnes LGBTI dans la société se croise, d’une manière qu’on ne peut souvent pas même distinguer, à la violence raciste et anti-pauvres.

La première marche véritablement organisée ne fut pas l’émeute de 1969. Elle fut dès 1970, une manifestation, préparée des mois à l’avance, qui affirmait la solidarité de l’ensemble du mouvement associatif avec les émeutier⋅es de l’année précédente. La radicalité est bien là : ne pas laisser imposer de limites à nos solidarités.

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