Catégorie : pop !

  • Overcompensating, la série queer du moment

    Disponible depuis le 15 mai, Overcompensating est une comédie dramatique signée Benito Skinner, qui adopte une esthétique camp : volontairement kitsch, extravagante et pleine d’ironie. Il y incarne Benny Scanlon, un ancien joueur de football américain du lycée qui quitte le nid pour intégrer la prestigieuse Yates University. Mais derrière la façade de perfection, Benny cache son homosexualité à grand renfort de performance d’une masculinité grotesque : poster de Megan Fox dans sa chambre, coups d’un soir inventés, rituel de bizutage pour intégrer une société secrète « Flesh & Gold », tout est bon pour éviter les soupçons et rester en haut de la pyramide sociale. Un des grands atouts du show, c’est la relation du personnage principal avec celui de Carmen (Wally Baram). Leur relation romantique feinte, puis leur amitié sincère, deviennent le moteur de la série. Carmen est une femme latina, ex-looseuse du lycée, qui se rend compte de son potentiel une fois arrivé dans le supérieur. Son personnage réactualise un archétype de la pop culture américaine et nous laisse entrevoir quelques réflexions intéressantes sur les dynamiques d’exclusion dans ce type d’espace. Elle est à la fois alliée et utilisée par le personnage de Benny, qui reste un homme blanc bourgeois.

    Au-delà de la comédie, Overcompensating montre surtout à quel point la suradaptation est épuisante pour les personnes minorisées et les conduit à se trahir ou trahir leurs camarades de galère pour plaire aux dominants et survivre. Sincère et souvent hilarante, la série plaira aux fans de But I’m a Cheerleader et Sex Education. On se rappellera longtemps de l’apparition de Charli XCX dans l’épisode 4 où elle s’exclame “You think I wanna play fucking ‘Boom Clap’ in a fucking college – are you joking?” [« Tu crois que j’ai envie de jouer ce putain de Boom Clap dans une foutue fac – tu te fous de moi ? »].

  • Adès the planet

    Adès The Planet, on regarde avec envie les vidéos prises en live par son public, en regrettant d’avoir pour l’instant manqué tous ses shows. On la suit sur les réseaux sociaux depuis un moment, et à défaut de l’avoir vue jouer en vrai, on rigole bien de ses TikTok (« je viens de poser ma démission pour me focus sur les femmes et Ableton »). On l’a découverte avec son deuxième single, MILLIONS, en 2023 : une écriture au millimètre, de joie mêlée de tristesse, d’amours et de désirs, posée sur une prod qui chatouille les oreilles, ou les instrus et le chant se confondent dans une mélodie qui nous enveloppe toutes entières. On aime le flow de qualité du titre JTM « Madame je veux qu’on fricote, Madame dès que je t’ai vu j’ai voulu te fréquenter » / « Je t’aime en ami en amant / Dis-moi qui d’autre que moi pourrait le faire mieux ». Dans son univers mélancolique, la tristesse se transforme en colère, les sons sourds étouffés de la ville, comme dans 24CARATS, son dernier single sorti le mois dernier, ou dans PRISON « J’me pete au stu’ pour gonfler les stats / Et puis tard fume pour rester stable / Cette chienne de vie m’rend détestable ». Celle qui dit avoir commencé la musique en 2021, pendant le confinement, n’a pas perdu de temps : elle a sorti son premier son BAYAS, en 2022, et c’était déjà excellent. Mais ses talents ne s’arrêtent pas à produire une trap actuelle et audacieuse : on la voit souvent jouer ses morceaux en acoustique en live. Fin 2024, elle en a compilé trois sur un single, dont le magnifique VIOLENT. L’ensemble est doux et vaste, c’est poétique, ça serre le cœur à l’écoute. Clairement, Adès The Planet n’a pas encore la notoriété qu’elle mérite. Elle sera à Paris à l’affiche de la soirée Wet For Me de la marche des Fiertés : c’est déjà complet.