En mars, le Parlement ghanéen a relancé l’un des projets de loi anti-LGBTI les plus répressifs du continent. Quelques mois plus tôt, le Mali criminalisait pour la première fois les relations homosexuelles, jusqu’à sept ans de prison. Ces événements récents ne surgissent pas du néant, ni d’une prétendue essence conservatrice des sociétés africaines.
Depuis plus de vingt ans, des groupes chrétiens ultraconservateurs américains, comme Family Watch International ou Abiding Truth Ministries, investissent massivement l’Afrique pour imposer un agenda anti-genre et anti-avortement, renforcés par les deux élections de Donald Trump. Les médias russes sont aussi des acteurs plus récents de cet impérialisme anti-genre et anti-droits, et diffusent massivement des théories complotistes liant droits LGBTI et néocolonialisme, tout en soutenant financièrement des événements promouvant “les valeurs familiales”.
Ces organisations avancent masquées derrière une rhétorique parfois aussi panafricaine et décoloniale, pour rejeter les droits sexuels et reproductifs et nier l’existence même des minorités sexuelles. Elles présentent l’égalité des droits comme une intrusion occidentale, destructrice du tissu moral africain. Ce faisant, elles flattent l’homonationalisme et le fémonationalisme des pays du Nord, tout en répondant à moindre frais à une demande sociale légitime de décolonisation et de souveraineté politique.